De 1760 à 1885, Un siècle d’histoire maritime

Seule malouinière sur la rive gauche de la Rance, le Montmarin a été construit par Aaron Pierre Magon, seigneur du Bosc, en 1760.

En 1762 le jardin du Montmarin est une série de quatre terrasses à la Française, descendant jusqu’à la Rance, avec broderies de buis, charmilles, portiques de tilleuls. On accède au Montmarin par une cour d’honneur, précédée d’une avenue (« rabine ») qui n’est là que pour la perspective.

Déjà à l’époque, le Montmarin est plus assimilé à une « Folie » qu’à une malouinière ! Sa construction luxueuse va ruiner son auteur, et le Montmarin sera vendu en 1782 à Benjamin Dubois, armateur à St Servan.

Ce dernier industriel brillant va y créer le plus grand chantier naval de la région malouine ainsi que les seuls quais existant à St Malo au XVIIIème ! Ce chantier occupera jusqu’à 1200 ouvriers, en sortiront plus de 300 navires en moins de 10 ans, dont ceux de Bougainville, le célèbre explorateur passionné de plantes, et un certain nombre de frégates et de navires de haut bord pour la marine Royale. Il va de plus initier en 1787 les premières lignes régulières rentables à destination de New-York !

En 1791, Danton n’ayant pas confiance en St Malo, acheta le Montmarin pour en faire un port militaire entre Brest et Cherbourg, mais l’état n’ayant pas payé son achat (avec des assignats sans provision), la famille Dubois fit un procès, et récupéra le Montmarin restitué par Bonaparte, alors 1er Consul, en 1797. La construction navale y continua de manière réduite jusqu’en 1845.

Depuis cinq générations, contre vents et marées, une famille perpétue la tradition botanique du lieu

Après 1840, le jardin est totalement abandonné et disparaît. En 1885, l’armateur malouin, Louis Bazin de Jessey acquiert le Montmarin. Il le restaure, réaménage les jardins sur le même principe pour les deux premières terrasses : parterres à la ‘Française’ avec broderies, charmilles, tilleuls taillés … sur les deux autres terrasses et, au sud du parc, est créé un jardin romantique avec bosquets, pelouses, massifs. En 1920, son fils Yves, passionné de plantes et membre de la Société d’acclimatation, crée une rocaille, en bord de Rance.

Toujours propriété de familles d’armateurs, le Montmarin s’est en permanence enrichi de végétaux exotiques : Magnolia (un « grandiflora » a près de 250 ans), beschoneria, palmiers, euphorbes, colletia, agapanthes, …. Puis de collections de céanothes, viburnum, hydrangeas, vivaces, roses…

Les jardins à la française, les quais en bord de Rance et les bâtiments sont classés Monuments historiques en 1966.

Dans les années 70 et jusqu’à maintenant, les travaux de restauration se poursuivent visant à perpétuer la tradition botanique des jardins du Montmarin et à enrichir les collections par des introductions de plantes. En 1987, sont organisées les premières journées des plantes rares en Bretagne, et la création d’une pépinière et en 1995, le premier festival des agapanthes, emblématiques de cet univers maritime, à découvrir au fil des saisons.